Dans la continuité du reportage de Mirabelle TV, le quotidien régional visite notre établissement avec les responsables du Conseil départemental
Anne Rimlinger, Le Républicain lorrain, 4 mai 2020, édition Metz agglomération
photos (c) Maury Golini
Soixante-deux enfants sont confinés dans la Maison d’enfants à caractère social (Mecs) de Rémilly. Depuis le 15 mars, le temps semble suspendu. Les éducateurs assurent le suivi pédagogique, les liens avec les familles et regorgent d’idées pour que la vie se poursuive sans trop de souffrance.
Iliano reprend sa place dans le jeu. « Je viens de parler à maman en vidéo » À ses côtés, Johanna précise : « Il y a des jours où on se voit, et des jours où on les appelle » Ils ont 5 ans. Évoquent « ce vilain virus » qui les assigne à résidence . Qui ne permet plus « de se faire des câlins ». « C’est dur de ne plus voir papa, mamy, papy et mes sœurs », confie Killian. Pour les enfants de la Maison d’enfants à caractère social (Mecs) de Rémilly, l’arrêt sur image s’est imposé avec le confinement. Ils sont 62, âgés de 3 à 18 ans, à être repliés dans des unités de vie. Ici, plus personne ne traîne dans les couloirs. « On ne va plus au restaurant le dimanche », souffle Esmeralda. Les petites habitudes ont été remisées. « Heureusement, lance José, l’éducateur, on est un groupe de onze et on peut s’amuser » Le jeu de cartes reprend. À l’extérieur, quelques jeunes ados s’occupent des poules. « C’est dur, avoue Enzo. Ne plus voir nos parents, ne plus rentrer dans la famille. » Le temps s’est arrêté. « Heureusement, on fait beaucoup plus d’activités que d’habitude, puisqu’on ne va plus au collège », reprend Max. « Il y a un hibou qui se balade, on lui a fait un nichoir » Ils ont créé un jardin, des sculptures de bois. « Nous avons réhabilité des endroits plus intimistes, souligne Laurent Giacomini », le directeur. Dans cet établissement, comme dans tous ceux qui dépendent du service d’Aide sociale à l’enfance (ASE) du Département, le Covid a changé la donne.
Une éducatrice avec des petits.
Une organisation
À la mi-mars, il a fallu tout réorganiser. « On a anticipé. Vingt enfants ont pu regagner leur domicile. Ils étaient dans un parcours de sortie », souligne encore Marie-Louise Kuntz, conseillère départementale chargée de l’enfance. « Retour à domicile accompagné », précise-t-elle. Pour les autres, le confinement signifiait l’interdiction du droit de visite des familles. « Nous avons travaillé avec les juges. Il a fallu informer tous les parents du nouveau mode de fonctionnement. On maintient un lien par téléphone, par visioconférence », précise Ludovic Maréchal, directeur de l’ASE. « Le Département a obtenu une centaine de tablettes financées en grande partie par la Fondation EdF pour assurer les relais », insiste marie-Louise Kuntz.
Du renfort
Du jour au lendemain, les enfants ne sont plus allés à l’école. Il a fallu que les éducateurs prennent le relais pédagogique. D’autant plus difficile que l’enseignement est un métier à part entière, détaille le directeur de l’ASE et que certains salariés se sont retrouvés en arrêt maladie. Il a fallu appeler les renforts. « Cinquante-six étudiants de l’IRTS [Institut régional du travail social] ont répondu présents. Toutes les équipes éducatives ont été renforcées. Il fallait être au plus près des enfants, reprend le directeur. Cela fait sept semaines que les enfants sont contraints de rester sur un même lieu. Cette crise nous a recentrés sur l’essentiel. Le lien entre les éducateurs et les enfants. »
De gauche à droite, Laurent Giacomini, directeur de la MECS, Ludovic Maréchal, directeur du service de l’Aide sociale à l’enfance de Moselle, Emma Henner, étudiante à institut régional du travail social (IRTS), Vincent Di Bartolo, directeur du pôle Grand Est de Moissons Nouvelles, Marie-Louise Kuntz, conseillère départementale, chargée de la protection de l’enfance.
Les incertitudes du déconfinement
Le déconfinement n’est pas une simple affaire. « Je dépends de 18 établissements scolaires », grimace Laurent Giacomini. Le retour à l’école est incertain puisqu’il dépend également du libre arbitre de l’autorité parentale. Autant dire que beaucoup de questions restent encore sans réponse. Les droits de visite s’envisagent. « Nous allons demander aux parents de respecter les gestes barrière, de ne venir que s’ils n’ont pas de température… Nous allons envisager un système de visite, qu’ils ne se croisent pas, qu’ils ne se rendent pas dans les lieux de vie. » Un protocole à mettre en place pour protéger les enfants et les salariés. « Nous allons conserver une gestion de crise pendant plusieurs mois encore. »
Laurent Giacomini.