190 personnes se sont retrouvées les 14 et 15 mars 2018 pour écouter les intervenants traiter du thème de la rencontre.
Notre centre parental l’OPAL fête cette année ses dix ans. Cet anniversaire était l’occasion d’organiser un temps riche d’échanges et de réflexions, deux jours de colloque intitulés « Centre parental : au risque de la Rencontre ». Nous étions accueillis dans des locaux mis à notre disposition par l’institut régional de formation sanitaire et social PACA & Corse et avions reçu le soutien la Fondation de France.
Les premiers établissements d’accueil mères-enfants datent du XIXe siècle. Pourtant, il faut attendre les années 2000 pour que des centres ou des accueils parentaux relevant de la protection de l’enfance se structurent. Ils ont pour mission d’accompagner des couples de parents en situation de vulnérabilité sociale ou psychique et leurs enfants âgées de moins de 3 ans, afin d’agir précocement et de favoriser l’accueil de ces enfants dès le moment de la grossesse. C’est dans ce contexte que le conseil départemental du Var a souhaité élargir le panel de ses dispositifs de protection de l’enfance en dotant le territoire d’un hôtel parental. Ouvert en avril 2008 et géré par Moissons Nouvelles, l’OPAL cherche à répondre aux besoins et aux attentes de jeunes parents. Il travaille avec le soutien et la collaboration du service de l’aide sociale à l’enfance (ASE).
Issus d’horizons très divers, les intervenant et les participants ont contribué à notre volonté de faire de ces journées un événement pluri institutionnel et pluri professionnel. Nous remercions chaleureusement les familles accueillies et accompagnées qui sont venues partager leurs expériences et leur histoire. Il ne s’agit pas ici de retracer tous les débats, mais de donner quelques échos des communications et des échanges qu’elles ont suscitées.
Pour en savoir plus sur les intervenants et leurs principales réalisations ou champs d’action.
Les professionnels de « Habitat Alternatif Social » à Marseille, de « En Vie de Famille » à Nantes et de L’OPAL ont souligné les spécificités des centres parentaux : cet accompagnement global, multidimensionnel et multidestinataire qu’ils proposent, leur implication, leur expérience mais aussi celle des familles, dans ce qu’elles en partagent.
Les actions de la Fédération nationale des centres parentaux, portées par sa présidente Brigitte Chatoney (et dont les trois structures sont adhérentes), tout comme la recherche de Claire Ganne et Nathalie Thierry « Les interactions parents – enfants – professionnel.le.s en centre parental : contextes institutionnels, processus et effets » commandée par l’Observatoire national de la protection de l’enfance en 2015, ont grandement contribué à faire inscrire le centre parental dans la loi du 14 mars 2016 relative à la protection de l’enfant. Les auteurs situent explicitement, entre autres, l’enjeu essentiel auquel doivent faire face les centres parentaux à savoir leur positionnement préventif. Certains pourraient s’interroger ou s’étonner de la pertinence à situer le centre parental dans le cadre de la protection de l’enfance. C’est pourtant sa juste place dès lors que la visée opératoire du travail qui s’y développe porte sur la prévention, comme l’ont souligné Jean-Michel Permingeat, directeur de l’enfance du conseil départemental du Var et ancien juge des enfants et Frédéric Van der Borght, psychologue clinicien.
Françoise Dolto a dit : « L’enfant en venant au monde donne naissance à ses parents. » En effet, lorsqu’il naît, l’enfant fait d’un homme et d’une femme son père et sa mère. Il crée la fonction parentale. Mais l’éclosion et la croissance de cette nouvelle fonction n’est pas simple et naturelle pour tous. Le quotidien de nos établissements nous montre que cela est parfois menacé ou fragile : notre rôle est d’accompagner ces jeunes adultes à devenir des parents et à accueillir leur enfant. Serge Mori et Xavier Canonge, dans leur pratique de thérapeute, ont abordé la rencontre et ses risques dans le cadre du transfert.
Accompagner la rencontre entre parents et enfant est au cœur de notre métier et doit pourtant rester un questionnement permanent sur ce qui se joue. Qu’est-ce qu’une rencontre ? Elle n’est pas la découverte, la quête de l’inconnu ou ce qui est hors de soi. La rencontre, toute rencontre, est avant tout une retrouvaille. Retrouvaille de l’autre en soi, retrouvaille de l’autre qu’on porte en soi. C’est à partir de métaphores que le pédopsychiatre Said Ibrahim a construit son propos sur le sujet. Cette rencontre entre les parents et l’enfant, c’est d’abord l’histoire d’une autre rencontre, celle de cet homme et de cette femme décidant de faire couple conjugal avant de faire couple parental. Le réel les rattrape lorsque l’enfant survient ; sa venue témoigne de leur union. Pourtant l’enfant imaginaire que ces parents ont porté en eux n’est pas celui bien réel devant eux. Il ne correspond pas toujours à ce qu’ils avaient pu imaginer et la parentalité peut être confrontée à une impasse, nous ont rappelé les psychologues Catherine Vasselier-Novelli et Francesca Mosca.
Quels risques de la rencontre, surtout quels enjeux ? Entre les parents et l’enfant, bien sûr sujet du colloque, mais au-delà, entre les intervenants et les participants, entre vous et vous-même à partir de l’écho que les échanges de ces journées ont fait naître en votre for intérieur. Chaque participant était venu pour réfléchir, éclairer, modifier, compléter, confirmer, remanier, repenser sa pratique. Si chacun a accepté d’être touché par ce qu’il a entendu durant ces deux jours, alors il est possible de dire que la rencontre a eu lieu.
Aline Padoly,
Directrice du secteur protection de l’enfance
Pôle PACA
